Rétrospective Pierre Koralnik
L’héritage intemporel de Pierre Koralnik
Le Geneva International Film Festival (GIFF), la Cinémathèque suisse, la RTS et l’INA rendent hommage au réalisateur visionnaire suisse Pierre Koralnik, à travers une rétrospective conjointe. Son œuvre, entre le cinéma et la télévision, le documentaire et la fiction, la Suisse et la France, ou ailleurs, souligne la diversité et la richesse d’une carrière qui a laissé ses marques sur l’histoire audiovisuelle de la Suisse.
Koralnik a débuté dans les années 1960 à la jeune Télévision suisse romande. Il y a tourné notamment plusieurs portraits, sur de nombreux artistes et personnalités tels que Denis de Rougemont, Rolf et Freddy Knie, ou encore Françoise Hardy; une pratique poursuivie jusqu’aux années 1990. D’une grande liberté et originalité, ses œuvres capturent l’esprit de l’artiste. Sont inclus dans la rétrospective Un étranger dans le village, documentaire acclamé sur l’auteur américain James Baldwin, qui revient sur son séjour dans un petit village valaisan, ainsi que Francis Bacon, peintre anglais que Koralnik a réalisé à l’improviste quand il était envoyé à Londres pour faire un reportage sur les problèmes économiques. Ses portraits d’artistes plus tardifs, notamment sur Louise Nevelson (1980), Andrée Putman (1994) et Adolf Woelfli (1984), présentent également la perspective d’un passionné d’art sur la création artistique.
Outre les portraits d’artistes, Pierre Koralnik s’est vu attribuer plusieurs projets de grande échelle à la TSR de genres et formats divers. Il a été à l’origine de plusieurs reportages, notamment pour les émissions phares de la TSR, Continents sans visa et Temps présent, par exemple sur le nazisme (Les dossiers de la honte, 1964), ou l’immigration (Les Russes à New York, 1981). Il a aussi œuvré à la production du magazine politique, Le Point, jusqu’en 1965, qui présentait l’actualité internationale au public suisse.
Élargissant son périple géographique au-delà des frontières suisses, Koralnik s’est rendu en France, où il s’est beaucoup intéressé à la musique à travers la réalisation des émissions de variétés, comme Ni figue ni raisin (1964), mais aussi de films de fiction musicaux, qui sont sans doute les plus connus de son œuvre: Anna (1967), avec Anna Karina, Serge Gainsbourg et Marianne Faithfull. De même, il a aussi tourné le magnifique Françoise et Udo (1968) avec Françoise Hardy, une histoire d’amour en chansons.
D’autres films de fiction complètent cette œuvre hétérogène de l’artiste versatile qu'est Pierre Koralnik: des adaptations littéraires telles que Le Rapt (1984), du célèbre roman de C. F. Ramuz, tourné dans un paysage typiquement suisse en Valais, ou Quartier nègre (1990), de Georges Simenon, se déroulant entièrement à Cuba; des fresques historiques grandioses comme La Reine de Saba (1974) et Salomé (1969), ou des drames sociaux et familiaux comme La Rumeur (1978) ou La chasse au diable (1973).
Cette rétrospective unique est la première à cette échelle à rendre hommage au travail de Pierre Koralnik, cette figure incontournable dont les archives papier sont conservées à la Cinémathèque suisse.
Les autres films de la rétrospective
Pierre Koralnik est l’auteur de nombreux films réalisés pour la télévision, courts, moyens et longs métrages dont des portraits de personnalités ; les films sur James Baldwin, Francis Bacon ou Denis de Rougemont, réalisés au début des années 1960, seront présentés lors d'une même séance. A la lisière entre le cinéma et les variétés, il signe Happy End – lauréat de la Rose d’or de Montreux en 1964 – et Ni figue ni raisin, deux films également projetés ensemble. Auteur de fictions de qualité pour la télévision, il porte des projets de grande envergure comme une version seventies de La reine de Saba et la tragédie dansée Salomé, chorégraphiée par Maurice Béjart.
Documentaire sur Pierre Koralnik
En marge de la rétrospective des films de Pierre Koralnik, un documentaire de Christophe Weinert consacré au travail du cinéaste franco-helvétique est présenté à la Cinémathèque suisse. Portrait, tourné en partie au centre de recherche et d'archivage de Penthaz, dans lequel Koralnik se raconte et se souvient d'Anna Karina, Serge Gainsbourg, Jane Birkin, Arielle Dombasle, Françoise Hardy, Bruno Cremer, Pierre Richard et bien d'autres stars du cinéma et du spectacle européen avec lesquels il a collaboré.
Histoire et archives: regards croisés sur Pierre Koralnik
A l’occasion de la rétrospective consacrée à Pierre Koralnik, la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’UNIL organise une après-midi de réflexions et de rencontres autour de l’œuvre du réalisateur. L'événement se penchera sur son activité à la TSR et proposera une conversation avec les responsables de la restauration et valorisation de sa filmographie à la Radio Télévision Suisse (RTS), l’INA et la Cinémathèque suisse (CS).
14h00: Introduction: Anne-Katrin Weber, UNIL
14h10-15h: «Une pratique en construction: les débuts de Pierre Koralnik à la TSR », François Vallotton, UNIL
15h10-16h: «James Baldwin en Suisse: sur Un étranger dans le village», Agnieszka Soltysik Monnet, UNIL
16h10-17h: «Francis Bacon, Georges Mathieu, Louise Nevelson: les artistes mouvementés par la caméra de Pierre Koralnik», Valentine Robert, UNIL
17h30-19h00: «Préservation, restauration et valorisation de l’œuvre de Pierre Koralnik», Table ronde animée par Anne-Katrin Weber, avec Denise Barcella, Didier Bufflier (RTS); Benjamin Lerena, Rachel Rouaud (INA); Julie le Gonidec et Nicolas Ricordel (CS).