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Intégrale Stanley Kubrick

Intégrale Stanley Kubrick
Cinémathèque suisse

03.11.2020 - 31.12.2020

Tous les longs métrages de Stanley Kubrick à retrouver sur les écrans de Montbenon

Stanley va-t-en-guerre

«Le plus grand réalisateur controversé du cinéma»: c’est ainsi qu’une chaîne de télévision anglo-saxonne décrit Stanley Kubrick au soir de sa mort. Pour beaucoup, Kubrick représente l’une des formes les plus accomplies du cinéma de par son contrôle total sur l’objet filmique dans son ensemble: du générique à la musique, de l’adaptation au scénario, du son, de la lumière à la photographie (il met au point pour Barry Lyndon une caméra dotée d’objectifs ultras sensibles développés par l’entreprise Zeiss pour la NASA), jusqu’au doublage et aux affiches de ses films à l’étranger. Esthétiquement, il synthétise les bases classiques et européennes de ses aïeux (Bergman, Antonioni, Fellini) avec les inventions avant-gardistes de demain (défis techniques ou l’usage de la musique contemporaine de György Ligeti).

Né à Manhattan en 1928, il ne trouve aucun intérêt à l’école, la physique mis à part. C’est alors la photographie qui le séduit et qui va occuper le plus clair de son temps. A 22 ans, il passe à l’image en mouvement après avoir fréquenté durant des années les projections au MoMA et réalise quelques courts métrages sur la boxe ou la marine marchande. Il emprunte 9'000 dollars à sa famille pour tourner en 1953 son premier long métrage, Fear and Desire, qu'il retirera des circuits de distribution estimant que celui-ci n’était rien de plus qu’un bon exercice. L’année suivante, il tourne Killer’s Kiss – unique scénario original qu'il écrit dans sa carrière – dont la mise en scène sera récompensée au Festival de Locarno en 1959 et qui recevra les louanges de Freddy Buache qualifiant Kubrick de «cinéaste de valeur». A la sortie du film aux USA, le jeune producteur James B. Harris rencontre Kubrick et lui ouvre les portes d’Hollywood: The Killing sera son premier film à gros budget, et le premier d’une série de chefs-d’œuvre.

La suite, tout le monde la connaît. Kubrick va toucher à tous les genres, gêner le public et la presse, se faire censurer et aduler. La puissance de sa mise en scène donne lieu à des sommets de cinéma. La photographie, toujours minutieuse, ravit à chaque fois notre œil; repensez aux plans de crépuscule de Full Metal Jacket qui font peut-être partie des plus beaux jamais tournés pour un film de guerre. La guerre, justement, est omniprésente chez Kubrick: le Viêtnam bien sûr, mais aussi la guerre imaginaire de Fear and Desire, la guerre de Sept Ans, la guerre de l’espace, la Grande Guerre, la troisième guerre servile dans Spartacus, la guerre froide de Dr. Strangelove, puis les guerres métaphysiques, psychologiques, mentales qui questionnent les conflits entre l’humain et la machine à travers les combats de l’âme, de la morale et de l’esprit (Lolita, Shining).

En fin de carrière, Stanley Kubrick délaisse la guerre concrète pour des questions plus cérébrales, plus viscérales et moins palpables: dans un New York chimérique, Eyes Wide Shut résume le quotidien d’un couple de bourgeois, où la mort frappe et où le destin attend patiemment les erreurs humaines. Il nous quittait à l’aube du XXIe siècle, anticipant dans son œuvre tous les problèmes d’aujourd’hui (la planète et l’espace, les guerres et la violence). Il est parti sans jamais vraiment donner de réponses; en nous cédant l’image, le mouvement, la musique et son art.

Maxime Morisod

L’exposition au Musée des beaux-arts du Locle

A travers cinq expositions, le Musée des beaux-arts du Locle (MBAL) propose à ses visiteurs de plonger dans l’agitation new-yorkaise en réunissant différents regards sur la ville: au cœur de ceux-ci, celui du jeune Stanley Kubrick qui est alors photographe.

Avant de devenir le cinéaste mondialement connu des films 2001: A Space Odyssey ou A Clockwork Orange, Stanley Kubrick arpente les rues de New York avec son appareil photographique pour le magazine américain Look. C’est entre 17 et 22 ans et grâce à la photographie qu’il développe l’art du cadrage, de la composition et de l’éclairage, l’objectif braqué sur sa ville natale. Sa première photographie est publiée en 1945 par Look dont il rejoint les rangs cinq ans avant la réalisation de son premier court métrage.

L’exposition «Sous un autre angle: Stanley Kubrick, photographe», organisée par le Museum of the City of New York, révèle le célèbre réalisateur sous une nouvelle lumière. Le Musée des beaux-arts du Locle (MBAL) est ravi d’accueillir la première escale européenne de cette importante exposition.

L’exposition «Sous un autre angle: Stanley Kubrick, photographe» a lieu du 24 octobre 2020 au 31 janvier 2021.

Plus d’informations sur www.mbal.ch

Les autres films de la rétrospective

A l’exception de Killer’s Kiss, Stanley Kubrick a toujours préféré adapter des œuvres littéraires. Une norme qu’il se plaît à poursuivre tout au long de sa carrière, admirant la profondeur des récits de fiction et usant de tous les genres cinématographiques: la comédie (Dr Strangelove), l’horreur (The Shining), la science-fiction (2001: A Space Odyssey), le drame (Eyes Wide Shut, Lolita), le péplum (Spartacus), le film noir (The Killing),

le film à costumes (Barry Lyndon) et bien sûr plusieurs films de guerre (Paths of Glory, Full Metal Jacket...).