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Hommage à Jonathan Demme

Hommage à Jonathan Demme
Cinémathèque suisse

25.08.2017 - 31.10.2017

Hommage à Jonathan Demme (du 25 août au 31 octobre) – Rétrospective des films du cinéaste américain oscarisé, ainsi qu’une soirée spéciale au Capitole où Hannibal Lecter croise les Talking Heads.
Le jour où l’agneau devint « C-Hannibal-e »

Grâce à lui, un bon verre de Chianti n’a plus eu le même goût et nous n’avons plus jamais écouté la Callas sans verser une larme.


Critique de cinéma et de musique rock à ses débuts, Jonathan Demme entre dans le « New World » de Roger Corman comme producteur et scénariste au début des années 1970. Sa première réalisation, Caged Heat, s’inscrit dans le genre du « Women in Prison Film », mais dépasse le produit 
de série B à bas budget auquel on pouvait s’attendre en se focalisant sur 
le point de vue féminin et sur la critique du pouvoir totalitaire. Avant ses succès oscarisés des années 1980, Demme façonne son style en réalisant 
des comédies (Melvin and Howard), des films d’action (Crazy Mama) et 
des thrillers hitchcockiens (Last Embrace). Les éléments de genre (screwball, road movie, drame, polar) présents dans ces premiers films vont bientôt confluer dans des comédies romantico-policières, telles que Something Wild et Married to the Mob où le rythme, le changement inattendu de registre narratif, les personnages féminins (sublimes et surprenantes Melanie Griffith et Michelle Pfeiffer) et les choix musicaux (John Cale, Laurie Anderson et, surtout, David Byrne), sont les éléments incontournables.

D’ailleurs, Demme n’oublie pas son amour pour la musique et réalise des clips (pour New Order et UB40 notamment), ainsi que l’un des meilleurs films rock de tous les temps, Stop Making Sense : en apparence une simple captation d’un concert des Talking Heads, mais où rien – ou presque – n’est pourtant laissé au hasard, grâce à la sensibilité du cinéaste et au talent 
de « performer » de David Byrne.

Dans les années 1990, Demme réalise ses plus grands succès : 
The Silence of the Lambs et Philadelphia. Le premier, thriller tendu et sans 
répit, marque toute une nouvelle génération de futurs cinéastes (Paul 
Thomas Anderson et Wes Anderson, entre autres). Il y utilise avec maestria 
le close-up, avec des gros plans sur les visages d’« Anthony Hannibal Hopkins » et de « Jodie Clarice Foster », qui regardent directement la caméra et dirigent leur regard dans celui du spectateur, comme pour mieux sonder son âme. Le deuxième, première superproduction hollywoodienne sur le virus du sida et l’homophobie, montre avec talent l’attachement du réalisateur 
à un cinéma civique et engagé. Le cinéaste emploie la dimension dramatique encore inexploitée de Tom Hanks et utilise la musique classique (Mozart, Spontini, Giordano) et rock (Neil Young, Peter Gabriel et Bruce Springsteen, oscarisé pour son Streets of Philadelphia) en contrepoint.

Les années suivantes, avec sa maison de production Clinica-Estetico, Demme alterne la réalisation de fictions (le sous-estimé Beloved) et de remakes (The Truth About Charlie, The Manchurian Candidate), mais aussi des documentaires engagés (The Agronomist, I’m Caroline Parker) ou musicaux (Neil Young : Heart of Gold). Dans Rachel Getting Married, plus proche de l’esprit « indie » de ses débuts, il fera cohabiter ses expériences cinématographiques en partant d’un sujet classique du mélodrame américain (la réunion de famille) et le détournera vers un regard de documentariste.

Il aurait voulu être vétérinaire, mais c’est avec son cinéma que Jonathan Demme a pu explorer l’animal humain, dans toutes ses manifestations.

Chicca Bergonzi

Les autres films de la rétrospective

Jonathan Demme a posé son regard de cinéphile sur tous les genres, 
du thriller (Last Embrace) à la comédie (Crazy Mama, Something Wild, 
Married to the Mob et Ricki and the Flash), en passant par la série B 
(Caged Heat), le drame (Melvin and Howard, Philadelphia, Rachel Getting Married) et le fantastique (Beloved), sans oublier de revisiter deux classiques du septième art (The Manchurian Candidate, The Truth About Charlie). Portraitiste hors pair, il s’est également illustré dans la captation 
de concerts et le documentaire, notamment avec Neil Young : Heart of 
Gold, The Agronomist et I’m Carolyn Parker.