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Rétrospective Ingmar Bergman (1ère partie)

Rétrospective Ingmar Bergman (1ère partie)
Cinémathèque suisse

2019. 1. 1. - 2019. 2. 25.

Rétrospective Ingmar Bergman de janvier à avril avec notamment la projection de Fanny et Alexandre le 17 février au Capitole
Où en est-on avec Bergman?

Passons vite sur le statut de Bergman dans notre panthéon culturel. Sa reconnaissance est vertigineuse. Sa quarantaine de films n'ont littéralement cessé d'être vus (…), chacun peut faire son tri dans cette filmographie abondante et multiple, et chacun y trouvera un chef-d'œuvre avec lequel sa sensibilité s'accordera (…).

On pourrait même ajouter que Bergman a le privilège – ou la malédiction – de s'être cristallisé dans l'imaginaire collectif en un archétype de cinéaste introspectif, bavard, misanthrope, une sorte de Barbe-Bleue, aussi, qui dans son rapport à ses actrices laissait peu d'espace entre sa vie et ses créations. 
Il est en cela irréductiblement lié à son temps. Et si l'on réfléchit à Bergman 
au présent, c'est aussi notre rapport à cette époque que l'on interroge.

Comme la plupart des grands artistes, Bergman est un et multiple. 
Il a été le jeune scénariste d'Alf Sjöberg, il a été un cinéaste débutant influencé par le réalisme poétique français, il a été un disciple précoce 
du néoréalisme italien, il a connu la notoriété internationale avant quarante ans par des œuvres qui, à tort ou à raison, ont marqué leur époque et l'histoire du cinéma, Le Septième Sceau, Les Fraises sauvages, Sourires d'une nuit d'été, et tout cela avant d'être l'un des inventeurs, et l'une des figures clés, de la modernité cinématographique au début des années 1960, portant son cinéma de plus en plus loin, jusqu'aux sommets de Persona, Scènes de la vie conjugale, Fanny et Alexandre. Et ce n'est là qu'une des vies d'Ingmar Bergman, produit d'une histoire longue, celle du cinéma suédois (…).

On doit d'abord considérer Bergman en tant qu'homme de théâtre, comme Fassbinder, chez qui le rapport au cinéma, à l'image de cinéma, 
à son esthétique, est un prolongement du rapport à la parole, à l'écriture, 
à la scène. Et si ses films s'inscrivent dans l'histoire du cinéma moderne, 
et la déterminent, ce qui les nourrit vient de bien plus loin. En cela Bergman dialogue avec les sommets du théâtre contemporain, et s'il n'avait jamais 
fait de films, il serait encore l'un des grands dramaturges de son époque (…).

Mais aujourd'hui, que fait-on au juste de Bergman, qui a radiographié 
les rapports entre les hommes et les femmes, plutôt du point de vue des femmes faut-il ajouter, qui a exploré avec sa caméra les voies ouvertes 
par la psychanalyse et ce qu'elle nous dit des rouages de notre inconscient, son langage, ses silences aussi et les voies de l'invisible ? S'intéresse-t-on toujours aux mystères de l'humain, aux déchirements de la foi, aux tourments de l'amour, à la dialectique du couple, qui ont nourri l'inspiration des plus grands cinéastes et suscité certaines des œuvres les plus profondes 
du siècle passé, ou plus du tout (…)?

Au fond on l'a toujours su, Bergman n'a pas inventé le cinéma. Seulement, son chemin, étape après étape, l'a conduit à comprendre, 
et à faire son sujet de ce qu'il y a de plus précieux dans l'ontologie du cinéma, sa capacité à représenter la complexité de l'expérience humaine, 
à affronter ses contradictions, ses ambivalences, ce qu'elle porte en 
elle de destructeur et en même temps d'espoir, de transcendance et 
en même temps d'accablante trivialité (…).

Olivier Assayas, extraits d’un texte rédigé par le cinéaste à l’occasion de l’hommage rendu à Ingmar Bergman au Festival de La Rochelle 2018

Les autres films de la rétrospective

Parallèlement à la projection de Fanny et Alexandre au Capitole, la Cinémathèque suisse consacre une rétrospective en deux parties à son auteur avec, dans un premier temps, dix titres réalisés entre 1948 et 1960, de Musique dans les ténèbres à La Source. L’occasion de (re)découvrir certaines 
œuvres marquantes comme Sourires d’une nuit d’été, Un été avec Monika, 
Le Septième Sceau ou encore Les Fraises sauvages. Après cette mise 
en bouche, la seconde partie de cette rétrospective reprendra en mars 
et avril avec les films réalisés à partir des années 1960.