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Rétrospective Marcel Hoehn

Rétrospective Marcel Hoehn
Cinémathèque suisse

07/02/2017 - 28/02/2017

Hommage à l'un des plus grands producteurs de l'histoire du cinéma suisse, à travers plusieurs documentaires et fictions - dont Beresina de Daniel Schmid projeté au Capitole - qui ont marqué ses quarante ans de carrière.
Le producteur qui sort de l’ombre

Si la Suisse romande ne connaît pas très bien les réalisateurs suisses alémaniques, inutile de dire qu’elle connaît encore moins ses producteurs. 
Et pourtant, outre-Sarine, quelques femmes et hommes courageux 
se sont engagés au fil des années pour permettre à des cinéastes de réaliser leurs projets. Et s’il y en a un à célébrer aujourd’hui, alors qu’il a choisi 
de s’éloigner de son travail après quarante ans d’activité, c’est Marcel 
Hoehn. Car si son nom ou celui de sa société (T&C Film) vous paraît étranger, ceux de Daniel Schmid, Fredi M. Murer ou Fischli & Weiss vous évoquent 
sans doute quelque chose. 


Mais commençons par le commencement. Marcel Hoehn, né en 1947, 
est entré dans le métier de producteur par la seule grande porte possible : celle du succès. En effet, après avoir travaillé sur des tournages, il fonde en 1976 sa propre société. Deux ans plus tard, pour sa première apparition publique, il devient le producteur heureux du plus grand succès du cinéma suisse (en tout cas depuis que les statistiques existent) : Die Schweizermacher (Les Faiseurs de Suisses) de Rolf Lyssy. Mais ce n’est pas parce qu’il signe 
ce coup de maître au début de sa carrière qu’il va se contenter de surfer 
sur la vague du succès. Marcel Hoehn est avant tout quelqu’un qui aime 
le cinéma et qui a envie que des films existent, qui ne produit jamais trop 
à la fois et suit avec passion les œuvres qu’il aide à faire naître.

Ce n’est sans doute pas un hasard s’il devient, quelques années plus tard, le producteur attitré de l’un de nos plus grands cinéastes, Daniel Schmid. Cet immense créateur a besoin de quelqu’un qui l’accompagne, fidèlement, dans ses rêves et ses paris les plus fous. A partir de Hécate, en 1982, Hoehn 
va produire ou coproduire la plupart des films de Schmid jusqu’à son dernier projet, Portovero, écrit par Barry Gifford, dont il ne pourra malheureusement tourner que quelques images. Rattrapé par la maladie, Schmid meurt en août 2006. Et pour Marcel Hoehn, ce sera, je crois, le signal d’une envie progressive de se retirer du milieu, non sans avoir soigneusement veillé à préserver 
le patrimoine de Daniel Schmid et à rendre accessible ses films à travers 
des numérisations – dont Il Bacio di Tosca que nous avons restauré avec lui.

Mais Hoehn n’est pas que le soutien indéfectible de Schmid. Au cours 
de sa carrière, il a aussi fidèlement accompagné de nombreux autres réalisateurs suisses majeurs, comme le documentariste Bruno Moll 
ou Christoph Schaub qui a signé quelques-uns des meilleurs films suisses de ces vingt dernières années, en particulier Giulias Verschwinden 
(La Disparition de Giulia, 2009). Hoehn a aussi travaillé avec Fredi M. Murer (Vollmond, 1998) et les célèbres artistes Fischli & Weiss pour le film culte Der Lauf der Dinge (1987), et coproduit des films d’importants cinéastes étrangers comme Jacques Rivette (Secret défense, 1998), Francesco Rosi (La tregua, 1997), Sandra Nettelbeck (Mostly Martha, 2001) ou Mario Brenta (Barnabò delle montagne, 1994).

Pour tout cela, qu’il soit ici chaleureusement remercié.

Frédéric Maire

Les fictions produites par Marcel Hoehn

Après le succès de Die Schweizermacher, Marcel Hoehn a partagé les doutes existentiels de Peter Fischli et David Weiss (Der Geringste Widerstand, Der rechte Weg, Der Lauf der Dinge), les rêveries de Daniel Schmid (Hécate, Hors saison, Beresina oder Die Letzten Tage der Schweiz), la fantaisie de Fredi M. Murer (Vollmond) ou encore les quêtes initiatiques de Christoph Schaub (Jeune Homme, Giulias Verschwinden). Son goût pour l’atypique l’a également porté hors de nos frontières avec le sulfureux Cri de la soie d'Yvon Marciano et le savoureux Mostly Martha de Sandra Nettelbeck.

Les documentaires produits par Marcel Hoehn

Touche-à-tout, Marcel Hoehn a produit de nombreux documentaires, notamment avec Daniel Schmid (Il Bacio di Tosca, The Written Face) et 
en hommage à ce dernier (Daniel Schmid – Le chat qui pense). Il s’est également intéressé à des sujets aussi divers que les rapports entre 
la musique et les réactions émotionnelles (Brain Concert), les blessures intimes d’une Hongroise marquée par l’Histoire (Mutter), l’aventure 
chinoise des architectes bâlois Herzog et De Meuron (Bird’s Nest) ou 
encore les dommages collatéraux de Guantanamo (The Guantanamo Trap).