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L'Art Brut s'encadre

L'Art Brut s'encadre
Collection de l'Art Brut

11/12/2020 - 24/5/2021

Les auteurs d’Art Brut conçoivent leurs œuvres en marge du champ officiel de l’art et font donc fi de toutes règles ou normes en matière de création. Aussi, l’analyse du thème du cadre dans l’Art Brut proposée par Michel Thévoz se révèle passionnante, car les œuvres choisies en exemple tendent précisément à s’affranchir des cadres, quels qu’ils soient.

Réalisée sous le commissariat de Michel Thévoz, qui a dirigé la Collection de l’Art Brut dès sa création et jusqu’en 2001, l’exposition réunit des œuvres appartenant exclusivement au fonds du musée. Autour d’une confrontation thématique, elle vise à aborder l’Art Brut par un biais inattendu et, plus généralement, à engager une réflexion sur une des normes transcendantales de notre culture : le cadre.

Pris dans sa plus large extension, le cadre a une fonction originaire et fondamentale dans le psychisme humain. Il détermine un espace imaginaire, narcissique, ludique, social, environnemental, et, finalement, esthétique. Il est devenu à ce point coextensif à notre sensibilité et à notre entendement que nous n’avons plus le recul qui nous permettrait d’en prendre conscience. Sinon par l’incidence de l’Art Brut, qui intervient à cet égard comme un dérèglement révélateur. Est-ce le pathologique qui éclaire le normal ? Ou l’inverse : l’anomalie peut-elle faire ressortir une névrose collective ? Quoi qu’il en soit, l’exposition doit mettre en évidence l’usage à la fois singulier et révélateur que divers auteurs font du cadre : centripète ou centrifuge, protecteur ou invasif, médiateur ou discriminant, sublimateur ou parodique, marginal ou nucléaire.

Les auteurs d’Art Brut conçoivent leurs œuvres en marge du champ officiel de l’art et par définition, ne sont pas assujettis à nos conventions culturelles. Ils ignorent toute règle ou norme en matière de création. Aussi, l’analyse du thème du cadre dans l’Art Brut se révèle passionnante, car les œuvres choisies tendent précisément à s’affranchir des cadres, quels qu’ils soient : au sens propre, celui en bois, le « frame » anglais qui entoure la composition, mais aussi celui défini par le support lui-même, voire celui que l’auteur y a tracé ; au sens figuré, le cadre entendu comme l’ensemble des conventions en matière de représentation.

Selon cette logique, lorsqu’il crée, l’auteur d’Art Brut ne se satisfait pas des espaces délimités par le support qu’il emploie, une simple feuille de papier, des éléments de récupération, comme le verso de pages de calendrier, des morceaux de carton, des mouchoirs ou serviettes en tissu. Certains auteurs réalisent des œuvres qui semblent se poursuivre au-delà des limites imposées par le support.

La notion de limite ou de cadre vole en éclats chez la plupart des auteurs d’Art Brut, qui travaillent en toute liberté, en ne s’imposant que leurs propres règles. Ne pas respecter les cadres qui leur sont imposés, c’est aller contre l’enculturation ; et c’est bien de cela qu’il s’agit dans l’Art Brut.

L’exposition est accompagnée de l’ouvrage Pathologie du cadre publié aux Éditions de Minuit en collaboration avec le musée.

Commissariat : Michel Thévoz

Avec les œuvres de :

Aloïse (Corbaz), Carol Bailly, Dominique Bertoliatti, Clément-Marie Biazin, Boris Bojnev, Charles Boussion, Frédéric Bruly Bouabré, François Burland, Joseph Crépin, Paul Duhem, Paul End, Samuel Failloubaz, Yves-Jules Fleuri, Jules Godi, Helga Sophia Goetze, Gustav, Magali Herrera, Joseph Heuer, Émile Josome Hodinos, Josef Hofer, Vojislav Jakic, Pierre Kocher, Hans Krüsi, Madeleine Lanz, Gérard Lattier, Aleksander Pavlovitch Lobanov, Marcomi, Reinhold Metz, Jakob Morf, Hidenori Motooka, Masao Obata, Italo Perugi, Giovanni Battista Podestà, Guillaume Pujolle, André Robillard, Johann Scheiböck, Judith Scott, Théo, Jean Tourlonias, Ofelia Valeiras, Pépé Vignes, August Walla, Aloïs Wey, Scottie Wilson, Josef Wittlich, Adolf Wölfli