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Le cinéma québécois contemporain

Le cinéma québécois contemporain
Cinémathèque suisse

30/1/2017 - 25/2/2017

Retour sur le bouillant cinéma québécois actuel avec plusieurs films inédits en Suisse et l'avant-première au Capitole du film Les Mauvaises Herbes de Louis Bélanger, projeté en sa présence.
Ambitions nouvelles et vastes questions

Durant des années, le rayonnement international du cinéma québécois 
a semblé reposer sur les seules épaules de Denys Arcand. Aucun film 
ne paraissait égaler Le Déclin de l’empire américain, Jésus de Montréal ou 
Les Invasions barbares. Ce temps-là est révolu.

Aujourd’hui, plusieurs cinéastes trouvent naturellement leur place 
à Cannes, Venise, Berlin, Locarno, Rotterdam ou Sundance. Les deux plus prolifiques d’entre eux, Denis Côté et Xavier Dolan, à des années-lumière 
l’un de l’autre, sont désormais des habitués du circuit des festivals.

Hollywood s’intéresse aussi aux cinéastes québécois. Trois années d’affilée, des films comme Incendies, Monsieur Lazhar et Rebelle sont sélectionnés pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Dans 
la foulée, les Denis Villeneuve, Philippe Falardeau, Jean-Marc Vallée et 
Ken Scott entreprennent une carrière américaine. Ils dirigent aussitôt 
le gotha hollywoodien : Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Reese Witherspoon, Chris Pratt, Matthew McConaughey, Liev Schreiber, Amy Adams, Harrison Ford, Hugh Jackman, Ryan Gosling, Benicio Del Toro.

Pendant ce temps, en France, en Inde et aux Etats-Unis, on tourne des remakes de films québécois. La consécration.

Néanmoins, au Québec, on se pose mille questions. Pourquoi ne fait-on pas plus de place aux réalisatrices ? Le portrait que l’on dresse de la société québécoise est-il trop blanc ? L’intervention gouvernementale peut-elle être allégée, simplifiée ? Doit-on toujours attacher autant d’importance à la sortie en salles ? Certes, les cinéphiles se pressent pour voir Incendies et Mommy, mais tourne-t-on suffisamment de comédies ?


Cette dernière question ouvre la porte à un débat apparemment inépuisable. Semblable en cela à toutes les petites cinématographies, celle du Québec avance sur un fil, à la recherche d’un équilibre entre les choix 
de ses auteurs et une volonté de rejoindre un large public. Dans ce contexte, en quête de valeurs sûres face à une récente baisse de popularité des films de genre, on produit des variations sur des succès du passé : Les Boys, 
De père en flic, Nitro, Bon Cop, Bad Cop, Les Trois P’tits cochons.

Cette rétrospective présentée à la Cinémathèque suisse est à l’image d’un cinéma qui, depuis ses origines, fait entendre une voix distincte dans 
la paysage cinématographique canadien. Un cinéma désormais plus ouvert sur ce qui se passe à l’étranger (Rebelle, Inch’Allah). Un cinéma qui emprunte au théâtre (Incendies, Tom à la ferme) plus qu’au roman. Un cinéma plutôt 
bienveillant à l’égard des minorités, qu’il s’agisse des immigrants (Montréal 
la blanche, Monsieur Lazhar), des Premières Nations (Avant les rues) ou 
des personnes handicapées (Café de Flore, Gabrielle). Un cinéma où la 
famille occupe une place importante (J’ai tué ma mère, Le Démantèlement). 
Un cinéma partagé entre Montréal (Nuit # 1, Starbuck) et la périphérie 
(Le Vendeur, La Donation, Les Mauvaises Herbes). Un cinéma qui se conjugue au présent et s’intéresse peu au passé, même récent (Polytechnique, 
La Passion d’Augustine).

Un cinéma identitaire, enraciné et moderne.

Michel Coulombe, historien du cinéma et 
coauteur du Dictionnaire du cinéma québécois

Les films de la rétrospective

Les films issus du cinéma québécois de ces dernières années ont en commun de rayonner à l’international. Sélectionnés aux festivals de Cannes, Venise, Sundance, Rotterdam, Locarno ou Berlin, ces œuvres traversent 
les frontières, se font connaître et donnent parfois même l’occasion 
à certains réalisateurs et acteurs d’entamer des carrières à l’étranger. Outre ce point, c’est surtout la diversité des genres qui règne : comédies (Starbuck), thrillers (Prisoners), essais (Nuit#1, Le Météore), films citadins (Montréal la blanche), ruraux (Le Vendeur, Le Démantèlement) ou transnationaux (Incendies, Café de Flore, Inch’Allah, Rebelle).