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Rétrospective Ken Loach

Rétrospective Ken Loach
Cinémathèque suisse

15‏/3‏/2017 - 30‏/4‏/2017

Rétrospective Ken Loach: hommage au cinéaste engagé et contestataire avec, au programme, plusieurs de ses fictions, téléfilms et documentaires.
Dear Ken, we still need you… aujourd’hui, plus que jamais.

Faisons un petit saut dans le temps, en mai 2016, lors du Festival de Cannes.


Fidèle à mon poste, entre films en compétition et sections parallèles, 
je tiens absolument à voir le nouveau film de Ken Loach, I, Daniel Blake. Non seulement parce que j’apprécie beaucoup son cinéma, mais aussi parce que je suis intriguée : les échos après la projection pour la presse sont mitigés, voire assez négatifs. Après Jimmy’s Hall en 2014 (magnifique film historique, plein de justesse, qui est pourtant passé assez inaperçu), le cinéaste, à bientôt 80 ans, avait annoncé vouloir prendre sa retraite. Mais le climat politique et social actuel, a-t-il déclaré, l’ont poussé à retourner derrière la caméra.


A la fin de la projection de I, Daniel Blake, avec mon lot de mouchoirs utilisés (on rit et on pleure toujours beaucoup avec Loach), je sors de la salle sonnée, extrêmement émue, sincèrement troublée. Comme toute forme 
d’art, le cinéma subit aussi les modes et celui de Loach, à entendre certains, serait devenu désuet, fatigué, un tantinet lassant. Mais comment peut-on 
ignorer, voire éluder, un film d’une puissance aussi remarquable, d’une urgence évidente et d’une sincérité écrasante, sous prétexte qu’il manque 
de « modernité cinématographique » ?

Avant même que le film reçoive la Palme d’or et que fusent les attaques médiatiques violentes contre un jury soi-disant « populiste » qui aurait 
primé un « film de gauche pour spectateurs de droite » (!?), je décide de 
me replonger dans l’œuvre du cinéaste britannique.

Des premiers « docudramas » à la BBC, méconnus chez nous (Up the Junction, Cathy Come Home), en passant par les portraits de la classe ouvrière anglaise (Raining Stones, Ladybird Ladybird, The Navigators, It’s a Free World), les comédies dramatiques (Riff Raff, My Name is Joe, Looking for Eric, The Angel’s Share), les documentaires engagés (A Question of Leadership, The Flickering Flame), jusqu’aux fresques historiques d’une intensité dramatique à couper le souffle (Black Jack, Land and Freedom, The Wind that Shakes the Barley), je redécouvre peu à peu ce qui m’a fait tant aimer le cinéaste et son groupe de collaborateurs fidèles (les scénaristes Barry Hines, Jim Allen et 
Paul Laverty, les producteurs Tony Garnet et Rebecca O’Brien, entre autres). Au-delà d’un style narratif irréprochable, d'une pureté visuelle et de partis 
pris totalement assumés, c’est la cohérence de ce cinéma, sa détermination, sa rage et sa puissance morale qui me frappent, une fois de plus.

A la misère, à l’humiliation, à l’impuissance et aux contradictions déchirantes d’une société qu’il dénonce, il juxtapose l’humanisme, la dignité, l’humour, la tendresse, la résistance et une véritable empathie envers 
ses personnages.

Encensée ou méprisée selon les goûts cinématographiques et le credo politique de chacun, son œuvre est un cri de dénonciation, indigné et tendu, cruellement nécessaire, qui se contrefiche du consensus, forcément politisé.

« Un autre monde est possible et nécessaire », a dit Loach lors de la remise des prix à Cannes. Si nous voulons y croire, nous devons défendre 
et montrer son cinéma, encore et encore.


Chicca Bergonzi


Les fictions de cinéma et les téléfilms

Débutant sa carrière dans les années 1960, Ken Loach s’est aussitôt 
montré solidaire des exploités et des laissés-pour-compte. Que ce soit au travers de ses téléfilms pour la BBC (Up the Junction, Cathy Come Home), ses films historiques (Land and Freedom, Jimmy’s Hall), ses thrillers politiques (Hidden Agenda, Carla’s Song, 11’09’’01 – September 11, Route Irish) ou ses drames sociaux (dont The Wind That Shakes the Barley 
et I, Daniel Blake), tous deux couronnés de la Palme d’or à Cannes, 
ce cinéaste frondeur n’a jamais cessé de militer, caméra au poing.

Les documentaires

Rompu dans ses fictions à des méthodes de tournage documentaires (caméra portée, acteurs amateurs, lumières naturelles), Ken Loach s’est également intéressé à la lutte bien réelle des syndicats ouvriers face 
à Margaret Thatcher (A Question of Leadership), au sort injustifié des dockers de Liverpool (The Flickering Flame) et aux espoirs socialistes d’après-guerre (The Spirit of ’45). En complément, Versus : The Life and 
Films of Ken Loach rend hommage au cinéaste, à cette figure-clé du cinéma anglais, en prouvant que la flamme du militantisme ne s’éteint jamais.