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Rétrospective Francis Ford Coppola (1re partie)

Rétrospective Francis Ford Coppola (1re partie)
Cinémathèque suisse

18‏/11‏/2019 - 2‏/1‏/2020

Rétrospective Francis Ford Coppola de novembre à janvier
Le temps sacré

Le cinéma de Francis Ford Coppola est une histoire de temps. Le temps 
qui passe, celui qu’on veut rattraper, celui qu’on ne veut pas perdre, 
celui qui se fige et disparaît. La critique a tendance à capter deux thèmes récurrents de son œuvre : la famille, et la grandeur et déchéance de l’homme. Entendons : le héros masculin. Que ce soit le père bien sûr, avec la trilogie The Godfather ou Tetro, mais aussi l’homme dans tous ses états : celui qui prend la place de Dieu (Marlon Brando dans Apocalypse Now), l’adolescent rebelle et fraternel (Matt Dillon dans la double adaptation des romans 
de S. E. Hinton Outsiders et Rumble Fish), l’homme sage mais obsédé par 
son travail (The Conversation), puis plus tard le surhomme (Gary Oldman dans Bram Stoker’s Dracula), l’homme qui devient homme trop vite (Jack), 
et enfin, avec Youth Without Youth, l’homme qui rajeunit.


Issu de l’UCLA (University of California, Los Angeles), Coppola fait partie de cette génération dorée de cinéastes américains (Spielberg, Scorsese, De Palma, Lucas – avec qui il fonde sa boîte de production American Zoetrope) et traverse les années 1970 avec succès : The Godfather rapporte 134 millions de dollars au box-office américain, il obtient deux Palmes d’or (The Conversation et Apocalypse Now), puis plusieurs Oscars dont celui de meilleur scénariste pour Patton (Franklin J. Schaffner, 1970). Au sortir de cette période grisante, il réalise One from the Heart et ruine American Zoetrope avec ce projet démesuré. Il accepte alors de réaliser 
des films de commande jusqu’au Bram Stoker’s Dracula qui règlera, enfin, 
en 1992, ses dernières dettes.


Adolescent, Coppola s’intéresse à l’écriture et au théâtre. Broadway l’inspire (il réalise Finian’s Rainbow en 1968, une adaptation avec Fred 
Astaire de la comédie musicale que son père lui avait fait découvrir enfant) 
et il se retrouve sur les bancs de l’UCLA. Pour faire ses premières gammes 
et toucher son premier revenu, il réalise un « nudie », ces films légèrement vêtus destinés aux circuits parallèles. Après deux longs métrages insignifiants, le producteur Roger Corman enrôle cet étudiant zélé 
comme ingénieur du son (alors qu’il n’a jamais travaillé dans ce domaine !) sur The Young Racers (1963) à Liverpool. Le tournage terminé, Coppola apprend qu’il reste de l’argent et écrit en une nuit un script qu’il propose 
le lendemain à Corman. Celui-ci l’accepte et le résultat deviendra son premier véritable long métrage : Dementia 13.


L’œuvre de Coppola est une histoire du temps. C’est dans une chambre d’hôtel dans le Nord de l’Angleterre qu’il écrit en une nuit son premier scénario ; c’est le temps qui recule lors de la remontée de la rivière du capitaine Willard dans Apocalypse Now et celui de l’expansion des plans-séquences (et des couleurs) dans One from the Heart ; c’est le temps retrouvé dans Twixt, lorsqu’il évoque l’accident de bateau de son fils ; la fin des temps dans cette scène inoubliable du jardin, dans The Godfather. Enfin, le temps sacré, vampirique et cruel dans sa sublime adaptation de Dracula – celui 
de l’amour au-dessus du temps, dominateur de l’homme, pour l’éternité.


Maxime Morisod

Les autres films de la rétrospective

Francis Ford Coppola a expérimenté aussi bien l’horreur (Dementia 13, 
Twixt) que la comédie musicale (Finian's Rainbow), le grand spectacle (Apocalypse Now, The Cotton Club) que le cinéma d’auteur (Tetro, 
Gardens of Stone), mais encore le thriller (The Conversation), l’adaptation 
(The Outsiders, Rumble Fish, Bram Stoker's Dracula), le film de procès 
(The Rainmaker), le road movie (Rain People), le biopic (Tucker : The Man and His Dream), le film à sketches (New York Stories), et les allers-retours temporels (Jack, Peggy Sue Got Married, Youth Without Youth).